LA RÉDUCTION DE COÛT ET SES LIMITES

Le principal moteur de changement dans les entreprises est aujourd'hui le moteur économique. Le contexte concurrentiel national et international conduit souvent à revoir douloureusement les prévisions et à entreprendre dans l'urgence des réductions de coût considérables.
La barre des objectifs d'économie sur les coûts d'un produit est fixée de plus en plus haut, et il n'est plus rare aujourd'hui de voir des cibles de "cost killing" à -40% des coûts directs.

Sachant que la réduction des coûts est une démarche normalement pratiquée en tous temps par les entreprises, plusieurs questions se posent :

  • De tels objectifs, bien qu'imposés par le marché, sont-ils atteignables ?
  • Si oui, dans quels contextes et avec quelles méthodes ?
  • Comment y arriver sans sacrifier la qualité en échange ?


Le biais de la démarche "réduction de coût"

Réduire les coûts d'un produit ou d'un service consiste habituellement à s'attaquer séparément à chacune des composantes de ce coût, à partir d'un inventaire le plus complet possible.
Or cette démarche introduit un bais : parce qu'elle part d'un existant et même si elle remet en cause sérieusement leur niveau, l'analyse reconduit automatiquement des catagories de dépenses qui sont reliées à une architecture donnée du produit ou du service et à certaines solutions techniques.
D'autres choix techniques auraient conduit à un autre inventaire et à d'autres coûts, peut-être moins élevés ou plus accessibles à la réduction.


Vers une remise en cause radicale

La question de la justification de l'existence-même de l'élément dont on veut réduire le coût, et de sa relation au besoin initial n'est posée que par des démarches plus radicales, comme le Budget base zéro (BBZ) par exemple, pour les organisations. Le dialogue entre un chef de département et un responsable d'activité devient alors :

  • Vous disposiez d'un budget de tant pour cette activité cette année (base 100).
  • Je ne vais pas réduire ce budget l'an prochain, je vais tout simplement le supprimer (base 0).
  • Sauf si vous me faîtes la démonstration que cette dépense contribue à une création de valeur pour l'entreprise, et que son niveau est au plus bas possible pour obtenir le résultat escompté (base optimisée).


L'Analyse de la valeur

L'Analyse de la valeur, dont le BBZ n'est qu'une application particulière, s'applique à ignorer volontairement la solution actuelle à reconcevoir, dans un premier temps, pour se pencher en détail sur le besoin :

  • Quesl sont les besoins à satisfaire, et à quel niveau de performance pour donner une satisfaction pleine et entière.

Ce n'est qu'ensuite que l'on recherchera des solutions potentielles, dont la solution actuelle fait éventuellement partie. Ces solutions seront "pesées" en fonction de leur potentiel de création de valeur (satisfaction des besoins au niveau juste nécessaire, consommation de ressources au niveau minimum)

L'Analyse de la Valeur va permettre de fixer objectivement le niveau des performances à atteindre et de hiérarchiser les besoins, du point de vue du client ou de l'utilisateur final. On pourra ainsi savoir exactement ce qui peut être sacrifié, en cas de nécessité.

C'est aussi une ouverture totale à l'innovation (nous ne sommes pas contraints de reconduire tout ou partie des solutions existantes). La créativité de groupe, guidée par la pression des coûts peut souvent aboutir à modifier radicalement le paysage des coûts, dans le bon sens évidemment.
C'est ainsi que l'analyse fonctionnelle d'une montre mécanique a conduit l'équipe de Nicolas HAYEK à diminuer par deux le nombre des pièces de la première SWACH (faire remplir à une seule et même pièce le rôle traditionnel du boîtier et du chassis, par exemple).
Des augmentations de coût peuvent aussi devenir acceptables par le marché dans ce cadre innovant, des fonctionnalités nouvelles pouvant être proposées par l'équipe de conception.

Cette démarche permet enfin d'ouvrir de nouveaux "gisements" à la réduction de coûts, parce qu'elle s'attaque à la fois au produit, et à son process de fabrication, qu'elle prend en compte la totalité du cycle de vie de ce produit (potentiels d'économies sur la logistique, la formation, la maintenance, le recyclage...) et qu'elle se penche de façon minutieuse sur les coûts cachés, dont une grande partie des non-qualité non recensées.

La Réduction de coût et le Cost killing, c'est bien, mais la reconception grâce à une démarche "Valeur", c'est encore plus efficace.
La Conception à coût objectif (CCO) ou Design to cost (DTC) est la modalité la plus volontariste de la maîtrise des coûts. Elle repose entièrement sur les concepts et la démarche de l'Analyse de la valeur.

EXIGENCES peut vous aider à mettre en place ce type de démarche dans votre entreprise, et à la pérenniser.